Dôme, de Stephen King

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J’aime bien Stephen King. Je crois que je serai même plutôt King que Houellebecq. J’ai quand-même grandi dans ces années où on jouait à se faire peur en osant regarder un téléfilm tiré d’un de ses romans, où on piquait le Brume où le Cujo sur la table de nuit des parents pour le lire à la lampe torche sous le duvet; j’ai fait quelques mémorables cauchemars depuis et grâce à lui je déteste les clowns et j’évite de passer trop près d’une bouche d’égout. Quand sort un nouvel ouvrage du maitre, je sais que je vais passer un très bon moment, un peu angoissé et terriblement addict. Et les deux gros volumes de Dôme ne m’ont pas laissé sur ma faim.

Imaginez: un matin banal d’octobre, vous êtes à Chester’s Mill, petite ville du Maine, et vous buvez votre café tranquille en regardant distraitement par la fenêtre l’avion qui survole le quartier; soudain vous le voyez exploser en l’air, comme écrasé contre une surface de verre. Vous n’avez pas encore compris mais cela viendra quand d’autres en autos s’y écraseront: vous êtes prisonnier du dôme, un gigantesque dôme de verre qui recouvre la surface exacte du territoire de la ville. Sans rien qui ne traverse, sans aucune issue; l’armée derrière la paroi transparente essayera de vous en trouver, vous êtes pour l’instant coincé avec vos concitoyens. Et si certains sont vos amis, d’autres vos voisins, certains y trouvent une occasion idéale de prendre le pouvoir par la terreur; certains cachent des secrets qu’ils défendront jusqu’à la mort. Il y a des loups dans la bergerie, et les gens se révèlent à eux-mêmes dans les situations extrêmes. Le personnage du conseiller à la ville Big Jim Rennie, qui très vite s’impose par la force comme un leader, est un méchant très intéressant: sous couvert de toujours agir pour le bien de la communauté, il crée une véritable armée policière composée des petites frappes de la région, lance des actions coup-de-poing pour effrayer et maintenir son “troupeau” sous son joug, ceci afin de détenir le pouvoir absolu et de cacher un terrible secret. Son fils Junior est un terrifiant psychopathe, un des pires que j’ai rencontré.

Le Dôme de Stephen King, roman qu’il a tenté une première fois d’écrire en 1976, a ceci d’intéressant qu’il contient plusieurs thèmes précédemment abordés par l’auteur: une touche de post-apocaliptique comme dans Le Fléau, de l’horreur avec des maniaques effrayants, des enfants qui font des rêves bizarres, des soumis qui servent le diable convaincus qu’ils sont des justes, une fois de plus le Maine comme décor, et quelques surprises qui ne se révèlent pas. C’est aussi un excellent roman d’aventure, de suspense et d’action, deux volumes qui ne se lâchent pas.

Une fois de plus je n’ai pas été déçu par ma lecture, j’ai peu dormi car le pouvoir d’attraction de ces livres est toujours comme au bon vieux temps, j’étais moi aussi prisonnier de cette cloche de verre sur la fourmilière. Et je suis redevenu ce gamin sous le duvet qui lisait jusqu’à pas d’heure avec sa lampe torche.

“Dôme”, de Stephen King / Editions Albin Michel, 2011 (2 volumes)

Atmosphère de “Dôme”:

*La série TV à venir, Under the Dome